"Nous deux..." Vous écoutez Déferlante, podcast provocateur... de plaisir. *** Tu vois mon grand? Nous deux, ça aurait pu. Ca aurait pu, vachement. Il s'en est fallu de peu, non? Je t'ai vu arriver dans ma vie dans le tourbillon d'un éclat de rire. Le mien. En t'ouvrant la porte, je me demandais si tu avais déjà 18 ans, alors que ton fils en avait plus. Mais je n'en savais rien. En y repensant, j'en ris encore: amusé, tu avais proposé ta carte d'identité, si jamais je voulais vérifier. Tu vois? c'est à ce moment-là précis que j'avais déjà décidé de faire l'amour avec toi. Même si cette première nuit ensemble n'allait venir que bien plus tard. Avec toi, tout semblait différent. A la fois simple, évident, léger... tiens! ta façon de me faire jouir. Toujours appliqué, concentré, plein de bonne volonté. En fait, mon plaisir était entièrement tien. Plus je trempais les draps, plus tu souriais. Tu te souviens? La première fois, paniquée, j'avais cru avoir fait pipi, j'avais envie de me cacher sous le lit. Ah, j'ai tellement aimé ta façon de me bercer serrée-collée tout contre toi, avant de me dire à l'oreille: "- Mais regarde, tu n'as pas fait pipi, tu as beaucoup joui". Puis tu m'as regardé amusé. Ce sourire de gamin espiègle, ravi de ses bêtises! Mais avec toi, tout était aussi très compliqué... C'est dur de croire aux histoires d'amour, quand on est seul dans son lit, nuit après nuit. Moi j'étais prête, j'étais désirante, j'étais libre... mais libre... toi, tu ne l'étais pas. Alors, c'est comme danser un tango à cloche-pied. A contre-temps affectif. On finit par se faire mal. Contre toutes mes attentes, tu es tombé amoureux, avec des larmes de joie et d'émotion. Au point de m'écrire: "Je suis en train de tomber gentiment et sûrement amoureux de toi. C'est un fait, je ne me le cache pas, ça pousse dans le cœur et le ventre. Cela ne me dérange pas, c'est juste inattendu. J'aime la femme que tu es car tu oses me montrer tes faiblesses. Je suis un tendre et j'aime recevoir la confiance. C'est précieux. Tu peux me poser toutes les questions que tu veux, Je t'ai confié mes clefs. J'ai envie de jouir par et avec toi Te faire rire, écouter et calmer tes moments de stress. Je suis crû, sans doute trop franc et direct, mais souvent serein." Et moi... moi, j'avais envie d'y croire! Mais quand j'y repense... "amoureux" c'est vite dit, non? Dans ta vie de tous les jours, tu semblais tellement brimé, bridé, brisé, que toute échappatoire de ce purgatoire devenait une promesse. Une joie sincère mais aussi "trop belle pour durer". "N'ayez pas peur de rêver en couleurs" qu'ils disent! Sauf que toi, tu avais peur de rêver, même en noir et blanc. Mon Grand, tu es tombé amoureux du potentiel, de la promesse, de ce qui aurait pu être... Tu n'es pas tombé amoureux de moi. Moi, tu vois, j'ai plein de défauts. D'un mirage, tu es tombé amoureux! Tu avais tellement envie d'être heureux, et moi, je n'allais pas t'en empêcher. Je crois qu'au début, tu aimais surtout ma façon de tenir debout toute seule. Intuitivement, tu as dû sentir que je n'allais pas t'encombrer. Que je n'allais pas trop te demander. Puisque je n'avais besoin de personne en Harley Davidson. Tu te souviens? J'avais ta queue dans ma bouche, ton téléphone a sonné. Tu as répondu, c'était la mère de ton fils. Rien d'important, rien d'urgent, mais comme la plupart des femmes, des êtres intuitifs, elle avait ressenti le besoin de t'appeler. Juste à ce moment-là! Et tu avais décroché par peur, ou par réflexe. Je n'ai rien dit, car "on ne parle pas la bouche pleine..." Evidemment, je n'avais plus tellement envie de te sucer. Evidemment, tu as débandé, pris en flagrant délit de fidélité ébréchée. Là déjà tu vois? j'ai eu mal à mon petit coeur et au creux du ventre. Et le doute s'est installé, sournois. Déjà là, j'ai su que nous deux... ça ne marchera pas. Je me suis donnée des claques devant mon miroir pour ne pas flancher. Pour garder la tête froide, alors que le bas-ventre était si brûlant. "Les hommes sont faits pour chasser" dit-on. Ah, toi, tu es fait pour protéger. Pour faire jouir. Pour aimer. Mais... tu te souviens? Notre première nuit, dans cette chambre d'hôtel, et mes réticences, et ta patience? Et mes peurs de m'abandonner, de jouir, et tes doigts du désir... et ces draps trempés de nos fatigues heureuses. Et mon souffle court dans le creux de ta nuque: "- Je vais mourir de plaisir, mon amour, je vais mourir de jouir." Je sais qu'au bout de tes doigts tu lisais en moi, comme les aveugles lisent en Braille. Jusqu'à toi, j'étais barricadée de partout, sauf de l'intérieur. Tes doigts, une fois glissés en moi, ils ont habilement trouvé l'aspérité, ces quelque millimètres de peau moite, mi-rêche, mi-désirante qui contiennent l'enfer et le paradis à la fois. Le paradis du "encore, mon amour, je veux jouir encore". Et l'enfer du... "demain? ah non, pas possible, la semaine prochaine alors? ah non, pas possible non plus". Un soir, on devait diner au restaurant, j'avais mis une tenue simple: une combi-pantalon couleur fuchsia. Décolleté sexy, mais sans en faire trop. J'aime mieux suggérer l'absence du soutien-gorge, laisser l'esprit vagabonder autour de cette possibilité. A ma demande, tu avais apporté des menottes, juste pour essayer. On allait s'offrir une fouille corporelle en bonne et due forme, suivie d'une petite arrestation. Sans aucune concertation préalable, tes menottes avaient la même couleur que ma tenue: rose fuchsia. Je crois que mon cerveau a bêtement bugué. Il a fait un rejet: devant la preuve d'un lien fort, il avait peur d'y croire... Et je crois que ce soir-là j'ai été difficile, rien n'était bon. Rien ne me plaisait. Et c'était juste l'instinct de survie, probablement. Dnos nuits, je garderai quand même un mantra: "nous deux, mon Grand, c'était presque ça"! Mais je garderai aussi une douleur. "Dîner ensemble tel jour? ah non, je ne peux pas parce qu'elle..." Elle, c'est l'autre femme. Celle qui ne t'attend pas vraiment à la maison. Celle qui ne te voit pas quand tu es là. Celle que tu ne doigtes plus, depuis si longtemps. Mais aussi celle que tu ne quitteras pas. C'est comme ça! D'habitude, je suis une femme intelligente, mais avec toi, dès le départ... va savoir pourquoi! Mon cerveau avait refusé de comprendre qu'en fait même si ton coeur était à prendre, non... tu n'étais pas libre. Un peu comme Diego, libre dans sa tête, mais derrière les barreaux d'un couple sans fête. Et un jour, bêtement, au détour d'un message que tu m'avais envoyé, bam! Son prénom m'avait fouetté le visage! Pire qu'une bourrasque sibérienne. Pire qu'une évidence contre laquelle on ne pourra jamais rien. D'un coup de fouet bien sec, le prénom avait donné à cette femme une existence. Je ne sais toujours pas à quoi elle ressemble. Mais je sais que... ce jour-là, j'ai arrêté de tomber amoureuse de toi. Je crois qu'on appelle cela "la légitimé défense". Ce soir-là, en me brossant les dents, je me suis longuement regardée dans le miroir, pour essayer de répondre à une seule question: "- Mais as-tu envie de te battre pour ce mec?" "- Me battre, mais contre qui? Contre cette femme inconnue? Non, évidemment que non." Par après, plus tu disais m'aimer, plus je devenais une carpe. Je suis une vraie féministe, moi! L'autre femme, je la respecte assez pour savoir que ta liberté n'est pas mon combat, mais le tien! Au fond, moi, je n'étais que le messager. Entré dans ta vie, mais pas vraiment à point nommé. Juste un messager avec des seins ronds que tu aimais, et des soupirs chauds dans tes oreilles, et une façon bien à moi de croire en toi, si seulement... C'est dur, hein!? Renoncer à une jolie histoire. J'avais naïvement imaginé un merveilleux monde des possibles, fait de jouissances à outrance et de désirs submergés de plaisir. Mais... qu'est-ce qu'on se fait violence pour arriver à prendre ses distances! Pour en finir, je voulais absolument que tu me "désamoures". Alors là, j'ai tout fait pour... Faut croire que j'ai un don pour ça! Je retourne l'amour des autres, comme une crêpe. J'ai brillamment réussi à t'éloigner, à te décevoir et, enfin, à... te laisser partir. Au bout de l'été, poussé dans les dernières tranchées de ta sincérité, tu m'as enfin dit, renfrogné: - Oh, mais tu sais, j'ai fait tellement de mauvais choix dans ma vie, que là... j'ai peur d'en faire un autre." Et j'ai su, sans l'ombre d'un doute, que non, tu ne partiras pas. Tu ne partiras probablement jamais. En tout cas, pas de suite. Pas pour moi. Même pas pour toi. Tu préfères le chagrin réconfortant d'une vie qui ne te plaît pas. Mais... ne vaut-il mieux pas un chagrin qui tient chaud qu'une déferlante d'amour tu l'auras? Hmmm... Je t'imagine là, en train de m'écouter, sourire en coin, avec cette envie de me dire: "- Mais tu veux le beurre, l'argent du beurre et le cul du fermier, hein?!" Pourquoi pas? Tu sais bien, mon grand, nous deux, ça aurait pu. Ca aurait pu vachement, même! Tu as raison: je n'ai besoin de personne, mais avec toi, je redevenais tendresse. Dans tes bras, l'armure de la vie pouvait fondre en douceur. Quand tu étais dans mon lit, je pouvais te glisser à l'oreille: "je vais mourir de plaisir, mon amour". J'aimais tellement te voir sourire. Mais sinon, oui, oui-oui, tu as parfaitement raison, je n'ai besoin de personne! Mais... j'avais tellement envie de toi! *** Merci d'avoir écouté Déferlante, le podcast érotique de la vraie vie.