"Vibrations" - épisode 130 du podcast érotique Déferlante (15min02) Vous écoutez Déferlante, podcast provocateur... de plaisir. Pour le 1er épisode de cette année 2022, une fois n'est pas coutume, je voudrais vous faire découvrir une femme qui écrit, qui aime, qui est si vivante. J'ai découvert son écriture au détour d'un appel du large, d'une envie paresseuse de caresser du regard d'autres plumes tendres. Et comme le hasard fait toujours bien les choses, tout à fait par hasard je suis arrivée sur son blog intitulé "Nus sur le lit". Le premier texte que j'ai lu m'a d'emblée laissée sans voix. Rien que le titre me donnait des frissons... "J'aime les hommes qui ne bandent pas". Vous entendez? Toute la tendresse du monde en quelque mots à peine, dont un mot très gros: "bander". Vous voyez ce que je veux dire? Non? Alors petit jeu: changeons le titre, et imaginons à la place: "j'aime les femmes qui ne sucent pas". Ca sonne faux, hein! Voilà, maintenant vous ressentez que dans le titre d'origine, malgré une crainte vieille comme le monde, l'amour reste entier, pur, exactement comme aux origines du monde. Avant la chute du Paradis et avant la punition d'une érection manquée. Hmmm... "J'aime les Hommes qui ne bandent pas" Eh bien, il n'y a qu'une femme splendide pour oser dire cela, avec autant de tendresse. Je suis sûre qu'elle doit être si belle. Elle s'appelle Alex de Landes. Et... avec son aimable autorisation, je vais lire son texte pour vous. Ecoutez bien... Il s’est occupé de moi, beaucoup, longtemps. Avec sa bouche, avec ses mains. J’en voudrais plus, lui aussi. Il dit : « Zut, je n’y arrive pas. Désolé. Pas encore… » J’essaie de l’aider, de le rassurer, de l’exciter. Je lui demande : « de quoi aurais-tu besoin? » Il cherche, il n’est pas sûr. Il me regarde, presque gêné. « C’est pas que je n’en ai pas envie, hein… j’ai vraiment envie. Mais parfois, même avec l’envie, ça ne vient pas. Pas toujours. Pas tout de suite. » Je lui souris, je l’apaise. Et une fois de plus, je pense : je les aime, ces hommes qui ne bandent pas. Pas toujours. Pas tout de suite. Ceux qui, dévoilés, mis à nu, après quelques instants de séduction, des heures de sexe ou des années de couple, m’offrent leurs impuissances passagères en même temps que leur désir profond. Ceux dont le corps, un moment étranger à lui-même, les révèlent soudain, négatif troublant de ce qu’ils ne voulaient pas voir. Privés de cette « virilité » dont on leur a appris un peu vite qu’elle les définit, qu’elle mesure leur valeur, qu’elle les fait “hommes”. Contraints d’accepter, de vivre enfin au grand jour leurs doutes, leurs failles, leurs fêlures intimes. Contraints d’imaginer d’autres gestes, de poser d’autres mots. D’inventer, en somme, une autre manière d’être au monde. De se réinventer. Enfin. J’aime les hommes qui ne bandent pas. Parce que, lorsqu’ils y parviendront de nouveau, ils ne seront plus les mêmes. Pour ceux qui s'en souviennent, il y a très-très longtemps, j'avais écrit un texte qui avait une mécanique semblable. Peut-être une fragilité plus guerrière. De mémoire, ce doit être l'épisode numéro 9 du podcast, autant dire, c'était il y a un siècle, une éternité.. Je disais... J’aime les hommes droits dans leurs bottes. Ces hommes, qui entrent dans la vie d’une femme comme pour ouvrir les rideaux, pour laisser passer plus de lumière. A vrai dire, la lumière est déjà là. Ils ne font que la montrer, en plus grand, en plus fort, en plus lumineux. Vous me direz "simple coïncidence" et à juste titre... j'y ai cru aussi! Mais (soupir) le deuxième texte que j'ai lu sur le blog d'Alex il m'a donné la chair de poule. Suivie d'un creux délicieux au bas ventre. Qui lui-même a provoqué une remontée soudaine du coeur jusque dans la gorge. Comme un ascenseur qui tombe dans le vide mais à l'envers. Et le tout, submergé par le besoin urgent de la connaître, de la rencontrer. De toucher cette femme, autant qu'elle m'avait touchée. Dans ce 2e texte, Alex cache adroitement la finale, qui est grandiose! Oh non, non, non... je ne l'ai pas vue venir derrière ses mots doux, mesurés, ronds en bouche, à l'excitation très bien dosée... Au début, je me disais "ah, voilà un joli récit d'orgasme" Et puis, une fois venu l'apogée je l'ai "encaissé" d'autant plus fort! Là, sur moins d'une page, juste devant mes yeux... mon fantasme le plus cher, le plus caché... Il s'étalait à la vue de tous, prêt à être consommé. Apprivoisé. Tout était dit et pourtant, il restait encore de la place pour rêver. D'ailleurs, j'en rêve encore. Je vais vous le lire ce texte, et vous en rêverez aussi. Ecoutez bien... J’ai très soif. J’ai froid. J’ai chaud. Je tremble un peu. J’ai pleuré, à gros sanglots. Je reviens d’un tourbillon qui m’a balayée. Je revois son regard. Les abysses. Son timbre si doux, ses prunelles si sombres: laisse moi te regarder. J’adore te déconnecter. D’emblée, nos peaux se heurtent, nos bouches se mordent, nos doigts s’appellent, nos langues s’emmêlent. D’emblée j’ai besoin de le lécher partout, d’éprouver la texture de ce corps que je passe tant de temps à me rappeler. Chaque geste est unique, précis, habité. Mais c’est sa puissance, son endurance qui me font céder, à la fin. Quand mes jambes tremblent, que mes yeux se ferment et s’ouvrent, révulsés, quand il gagne encore quelques centimètres, quand il m’habite entière, absolument, ouverte. Quand, les yeux luisants, les traits tirés, la mâchoire serrée, le sourire au coin des lèvres qui affleure puis disparaît, il dit les mots que je ne peux plus prononcer: tu ne peux plus rien faire. Tu es entièrement mienne. Puis : tu es la seule que j’encule ainsi. Et c’est là que, de trop d’attente, d’excitation, de fureur et de cris, de trop de douloureux plaisir, de trop de poids portés et déposés à ses pieds, comme autant d’offrandes sur l’autel de mes impuissances, c’est là que les larmes coulent, débordent, que les sanglots me noient et qu’enfin, enfin je m’autorise à le penser : qu’il en soit ainsi. Que je sois unique pour lui de cette manière-ci, que je sois celle qu’il baise, qu’il étreint et qu’il encule pour se soulager, que notre lien se définisse ainsi par son sexe et sa peau et nos corps et mes râles. Que notre amour soit celui des chairs, puisque c’est ainsi, seulement, que nos âmes savent se rencontrer. Et là? je vous demande... là, comment avait-elle pu savoir? Comment une femme peut connaître aussi intimement le fantasme secret d'une autre, qu'elle n'a jamais rencontrée, même pas en rêve? Trois fois j'ai lu ce texte, bouche entrouverte et main dans la culotte. regard troublé et bas ventre en vrille. (soupir) encore maintenant! j'ai demandé de l'aide... Un amoureux très doué, à qui j'avais osé raconter mon fantasme, tout juste quelque jours auparavant, mais avec tous les détails, même ceux qui semblaient inavouables, eh bien, ce confident fut derechef appelé à la rescousse. Réveillé même de sa sieste. Calme et posé comme à son habitude, il prit alors son temps pour lire à son tour ce texte. Je faisais les 100 pas et mon coeur battait les 400 coups! Je guétais sa réaction. il leva les yeux exactement au même passage qui avait provoqué chez moi d'abord, la chair de poule, puis le creux au bas ventre et ensuite la remontée du coeur dans la gorge. Mis devant le texte écrit, tel un témoin capital, traîné devant le Juge, il ne put que reconnaître le fait accompli. L'exploit. Mais oui, ces mots-là précisément, comment pouvait-elle les connaître? Les écrire là, noir sur blanc... avant même que moi, je ne les admette ? Il en fut visiblement ému, et verge dressée, il sourit mystérieusement avant de dire: - C'est presque comme si les mots n'étaient pas assez puissants pour décrire son désir. C'est vraiment intense. Oui, vous avez le don de trouver des personnes qui vous font vibrer. La vie est bien faite. Ca paraît être le hasard, mais ça ne l'est pas. - Non, mais attendez, si ce n'est pas le hasard, ce serait quoi alors, le destin? - Les ondes. D'après la physique quantique tout n'est que résonance. Les mots prononcés sont des ondes qui vibrent. Ils façonnent notre monde. Il suffit de commencer par la genèse : "au commencement était le verbe." Ahh, cette réponse si sage et si simple, elle m'apparut comme étant la seule possible... érigée en vérité, elle m'abritait tel un rempart de logique. De la logique scientifique pour expliquer un phénomène aussi étrange que la contagion de désir et de fantasme, à distance et sans contact, entre deux femmes parfaitement inconnues, habitant sur la même planète du plaisir. ha! L'amour est une vibration? L'orgasme aussi? Alors, Alex de Landes, oui... j'aimerais la rencontrer. J'aimerais en toute logique, parfaitement scientifique, lui faire l'amour et dans les courbes de nos corps enlacés et dans les ondes de nos syllabes entremêlées... J'aimerais, ensemble, vibrer. Vous avez écouté Déferlante, le podcast du désir