"Dans le corps d'Arkaitz" Vous écoutez Déferlante, podcast agitateur d’émotions. L'épisode de ce soir est le 8ème de la très belle série de récits intimes, exclusivement consacrée au corps masculin, à ses ressentis, à ses craintes. A ses émotions. Je voulais en savoir plus sur le corps masculin, alors j'ai posé quelque questions, et des hommes m'ont courageusement confié leur histoire... Et dans "confier" il y a confiance. Alors, je tiens à remercier Arkaitz pour sa façon simple, mais émouvante de raconter tout un cheminement, une évolution... avec ce que cela implique de doutes ou de réussites sensuelles, émotionnelles, relationnelles. J'espère que ces récits intimes, sincères, parfois crus permettront aux femmes de mieux apprivoiser la partie cachée de l'iceberg des émotions masculines. Allons-y pour ce nouvel épisode. *** Je ne sais pas vraiment quand exactement j’ai pris conscience de mon corps, du fait qu’il pouvait plaire. Très tôt, j’avais donné la priorité à l’esprit, à l’âme. Jusqu'à mes 15-16 ans, je ne faisais pas vraiment attention à comment j’étais habillé. Je me suis longtemps demandé si cela n’était pas dû à une sorte de rejet vis-à-vis de ce corps "non-aimé" . Je suis plutôt petit de taille, je fais 1.71m aujourd’hui mais j'ai longtemps été le plus petit de ma classe. J’ai eu des lunettes très tôt, et j'étais assez fluet dans un environnement rural, paysan qui avait plutôt comme valeur la force. Disons que j’avais ce sentiment de corps invisible ou que je voulais invisibiliser. J’ai tout de même une anecdote qui me revient et qui parle sans doute de cela : je me suis fait opérer d’appendicite vers mes 9-10 ans. En allant vers la salle d’opération, j’avais juste une chemise d’opération et les infirmières l’ont soulevée et je les ai entendues réagir au fait que j’avais des plaques rouges sur ma peau. Visiblement, cela arrive quand on est mal à l’aise, ou très intimidé, ou naturellement timide, puissance 100. J’ai ce souvenir que je me sentais honteux, vraiment pas bien, fort gêné… Il faut aussi dire que dans mon cercle familial, on ne se montrait pas. Je n’ai jamais vu mes parents dénudés. J'avais un rapport curieux avec la masturbation Mais curieux... dans le sens où c’était une exploration, j’étais curieux de… Je ne suis pas sûr de l’âge que j’avais, mais je me revois dans mon lit d’adolescent ça oui, c'était la nuit. Était-ce avant mon entrée au lycée (14 ans) ou l’année juste après (vers mes 15 ans) ? Je crois que c’était l’année d’après. Jusque au lycée, j’étais très "enfant" et très romantique dans mon rapport à l’amour et au sexe. Je ne me rappelle pas d’émoi sexuel au collège. Je me rappelle que j’y allais à tâtons ne sachant pas trop comment m’y prendre. Je me rappelle que la première éjaculation m’a fait un peu mal. Peut-être en raison de la surprise du ressenti. Mais je me rappelle aussi surtout qu’ensuite j’ai continué, et j'ai adoré ! Aucun rapport honteux donc. Au contraire, joyeux! cela me faisait du bien. En journée, cela me donnait un boost d’énergie et en soirée, m’aider à m’endormir quand je le faisais. C’est toujours le cas d’ailleurs. Je ne sais plus trop à quelle fréquence je me masturbais, parfois deux fois par jour, parfois pas du tout pendant 2,3 jours. Mon imaginaire fonctionnait énormément, j’ai un imaginaire très fertile. Et les catalogues La Redoute aidaient également! Ce n’était pourtant pas le summum du sexy, mais les photos étaient belles, avec des femmes qui ressemblaient à la réalité. A cette époque, je n'avais ni de revues ni de vidéos. La première revue un peu érotique, c’était au lycée, des numéros qu’on se prêtait à l’internat, puis quelque Playboy. Au lycée, en première année, à l’internat nous avions fait une nuit « fantasme ». Des amis plus avancés que d’autres côté sexualité ont raconté leurs expériences, ont partagé leur savoir, et il y a eu une masturbation collective sur la fin, chacun de son côté, pas partagé. Et là aussi, aucune honte. Plutôt comme une phase d’apprentissage. Alors, les premiers baisers? Tomber amoureux et sentir ce corps, qui part en délicieuse vrille? Je souris… mais ce sont de bons souvenirs.. Comme je le disais avant, j’étais un grand romantique. Et timide aussi, pas du tout entreprenant. Mon premier baiser n’est arrivé qu’à 16 ans passés. Avant cela j’ai eu des amoureuses. 2 filles qui m’ont dit l’être de moi, mais je n’ai rien fait. Je ne savais pas comment m’y prendre! j’avais peur, et en même temps ce sentiment amoureux m’allait si bien! En fait, cela me suffisait, j’étais heureux. Je n’ai compris que plus tard que la fille en face ne le vivait pas forcément ainsi, et elle ne comprenait pas mon manque de prise en main des choses, elle l’a sans doute vécu comme un rejet. Avec la 2ie justement – Béa – c’est clairement le cas: nous nous sommes retrouvés après une fête tous les deux sous une tente. Elle a commencé à ma caresser mon visage, les bras, le torse.. c’était si doux. On se regardait dans les yeux, on se souriait… J’étais mais... merveilleusement bien. Et je n’ai rien fait de plus. Juste pris cela, et rien fait pour elle. Et au bout d’un moment elle s’est retournée, et après, ne m’a plus parlé. J’étais triste et en même temps, je comprenais, mais je n’étais pas prêt, c’est tout. Et aussi je crois que j’étais heureux parce que j’étais surpris que l’on puisse être attirer par moi… Moi le petit binoclard, intello. (mais aussi amusant, charmant, vif, gentil, joyeux, rassembleur… et de cela je ne m’en rendrai compte que plus tard) Mon premier baiser était d’un autre acabit et c’était assez amusant. C’était dans une fête, à peu près un an après l’histoire avec Béa. Là, la fille – Virginie – m’a sauté dessus ! Elle m’a plaqué sur le capot d’une voiture et elle m’a embrassé passionnément. Je me souviens de la vitesse à laquelle elle tournait sa langue dans ma bouche ! Déjà j’étais surpris qu’elle rentre sa langue, mais ensuite de la vitesse ! je me disais « mais comment je vais faire pour aller aussi vite, moi? »… Et ensuite elle a aussi pris mes mains et les a mises sur ses seins… Là aussi super surpris.. mais c’était agréable et vivant. Une vraie découverte. Et j’ai aussi un peu mieux compris après coup la réaction de Béa un an auparavant. J’avais encore beaucoup à apprendre sur les femmes et sur moi. Alors, mon corps... 1m71, 68 kg. Fin, quelque rondeurs selon les périodes sur le ventre (selon la quantité de sport réalisée !). Je fais encore plus jeune comme mon âge cela a été toujours le cas : à 16 ans j’en paraissais 13 ; à 20 ans j'en paraissais 16. Et là aussi je ne saurais dire si c’est ma maturité en retard qui a eu un impact sur mon corps, ou bien si c'est mon corps qui a eu un impact sur mon moi émotionnel. Le fait de ^paraître plus jeune n’a pas toujours été facile à vivre, mais j’en ai fait une force (« paraître ce que l’on est pas »), et aujourd’hui à 45 ans, c’est une arme de séduction massive je dirais! Je plais autant aux partenaires jeunes qu’aux plus âgées. Je suis charmant dit-on, et je me trouve charmant (parfois – quand je suis en énergie positive) j’aime mes yeux, mes mains, mes jambes. Aujourd’hui, j’aime mon corps, là où avant je le mettais au second plan, après mon intellect. Mes dents.. je n’aime pas mes dents. Elles ne sont pas belles, une est « tordue », elles ne sont pas dans un très bon état. A l’époque de mon enfance, on y faisait pas tant de cas.. et voilà le résultat. Cela bloque mon sourire, très souvent. J’ai aussi un début de calvitie. En fait c’est très localisé sur le haut arrière de mon crâne. C’est une particularité des hommes de ma famille. Mais cela ne me dérange pas. Pendant des années, j'ai vécu mon corps selon une philosophie de renoncement aux apparences. Avec le recul, c’est d’ailleurs étonnant. Si je devais changer quelque chose? mes dents. Et mon sexe, dans tout ça, alors? Au repos, mon sexe est un petit bout de chair quasi informe. En érection, dans les 13 ou 14 cm et quelque. Assez imposante par rapport à sa forme au repos, je dirais! Une courbure assez importante et inclinée vers la gauche. Elle est bien proportionnée. (pour moi et me semble-t-il pour mes partenaires du moins jusqu’à présent). Alors, la texture de la peau… Parfois, c'est une peau frissonnante, des petits boutons mais qui n’en sont pas, des nervures marquées et les veines apparaissent, très puissantes presque lors de l’érection. Aujourd’hui je me rase, je ne suis pas épilé ni complètement rasé mais je taille ma pilosité. Je préfère, et cela semble aussi plus agréable pour mes partenaires. Mes testicules? j’ai souvent pensé qu’elles étaient pas tout à fait à leur place, je sens un décalage sur la hauteur. D’ailleurs mon fils aîné a dû se faire opérer d’un testicule ascenseur il y a un an. Je suis assez sensible au niveau du gland, quand ma partenaire me lave par exemple. Sur le frein aussi.. j’ai comme un réflexe quand on me touche. Je n’ai pour l’instant jamais eu de problème d’érection. Quand je n'ai pas bandé, c’est que nous étions en crise avec ma partenaire. Et même dans ces cas-là, c’est extrêmement rare. Le simple fait de toucher sa peau m’électrise. La sensualité a une part primordiale pour moi dans l’amour et le sexe. J’adore les préliminaires, les massages, mettre en place des scenario, agrémenter le quotidien de petites gestes, paroles, pensées, effleurements, baisers… Tout cela contribue à maintenir le désir, cette énergie.. Cela va même au-delà de l’amour pour moi. L’amour oui, peut être un catalyseur de cette sensualité, la magnifier, mais on peut aussi avoir cette sensualité sans amour. (et encore tout dépend de ce que l’on entend par amour) Et donc on peut avoir également du désir. La sensualité est primordiale pour moi. Sans doute mon côté mental et sapio. Le détail qui me ferait débander? Quand je ne sens pas du tout de connexion Aujourd’hui je me définis polyamoureux voire libertin. Je n’ai aucun problème avec la nudité, j’ai déjà été dans des lieux naturistes, en sauna nu, en club libertin… Quand on regarde mon « moi » de 15 ans et celui de 45 ans, on passe du noir au blanc. Et pourtant tout s’est fait en douceur. Vaste sujet car j’ai eu plusieurs compagnes de vie… Il y quand même des traits communs: mes 3 histoires de vie principales ont en commun un rapport aux parents « pas du tout simples », pour des raisons différentes et des niveaux différents, mais il y a au moins cela en commun. Et dans les 3 cas, j’ai agi ou eu un rôle d’accompagnant voire de sauveur (et j’emploie ce terme consciemment). Cela renvoie donc autant sur ma partenaire que sur moi ; et il y a aussi un rapport au corps, parce que la sexualité en a été impactée dans chaque cas, mais d’une certaine manière. Les relations qui supposent un sauvetage sont malheureusement vouées à la tristesse. Contrairement à mes histoires moins engagées, où la sexualité était jeu, gratuite, ambiance positive. Là... la sexualité a toujours eu comme quelque chose de "parasité"? J'ai pris soin de ces relations. Parfois et peut-être même souvent, trop d’ailleurs, en faisant passer les soucis de l’autre avant les miens. (ou carrément en niant les miens) J'ai conscience que cela peut paraître bateau ou caricatural. Les relations "engagées" seraient un peu tristes, et le lien "détendu" serait plein de joie. Non, c'est bien plus subtil que cela. Mais mon expérience m'amène en partie vers cette conclusion. La subtilité est plutôt dans la définition de l'engagement et de comment chacun vit l'enjeu. J'ai vécu certaines relations détendues, mais de manière engagée, selon moi. Dans le sens où, oui c'était détendu, pour le plaisir, la joie de se connaître, mais aussi "engagé" parce que le contrat était justement d'être clair là dessus, de le partager ensemble, de fixer au départ un cadre qui pouvait forcément évoluer. Le problème semble surgir quand on n'est plus du tout attentif à cela, quand on ne prend plus soin de la relation. Un conseil pour "les jeunes/ados"? Difficile , très difficile. Je me suis posé la question par rapport à mes enfants… Tout mon parcours est un parcours justement: j’ai appris à chaque pas. Et je continue à apprendre. Je crois que c’est cela mon conseil majeur. J’ai juste compris que en sexualité, le rapport à l’autre et à soi-même, il n’y a pas de vérité autre, si ce n'est que justement... il n’y en a pas! Rester ouvert, apprendre, écouter, expérimenter, dans le respect de l’autre et de soi-même. Des mots faciles à poser mais extrêmement difficile à mettre en œuvre. Je dirais aussi qu’il faut essayer de ne pas se mettre la pression, C'est important de se libérer du regard de l’autre, sans se nier. *** Vous avez écouté Déferlante, le podcast érotique qui vous met à nu.