Vous écoutez Déferlante, podcast provocateur de plaisir. Dans l'épisode de ce soir, il y a un récit dans le récit. J'adore jouer aux poupées russes. Ce texte emboîté dans le mien appartient à une jeune femme que je ne connais pas en vrai. Je sais qu'elle s'appelle Marie et qu'elle vit la où la Terre finit. Avant d'oublier, je voulais vous dire que je prends des vacances. J'ai très envie de profiter de l'été indien. Si vous suivez le podcast, sur la plateforme d'écoute de votre choix, vous serez avertis de la prochaine publication. Bon, allons-y pour ce nouvel épisode. °¨°¨°¨°¨°¨°¨°¨°¨°¨°¨°¨°¨°¨°¨°¨°¨°¨°¨° Un dimanche midi, de septembre. Les touristes sont déjà partis, mais les rayons de soleil sont encore là. Elle est assise à sa table, la même depuis bientôt 20 ans. Face à la mer. A sa droite, une famille: maman et papa qui ne se parlent pas, et une petite fille qui dessine. A sa gauche, un couple. Une jeune femme de dos et un homme d'âge mûr. Il pourrait aisément être son père, mais visiblement, il ne l'est pas. Un père ne caresse pas ainsi l'épaule de sa fille. Sur cette épaule, il y a un dessin. Un tatouage. A vrai dire, il semble occuper une bonne partie du dos, descendre peut-être vers les fossettes des reins. La robe à fines bretelles empêche le regard curieux de voir le tout. Mais on sait que le dessin est là, à l'abri du regard... alors on n'a pas d'autre choix que de l'imaginer. Va-t-il vraiment jusqu'aux fesses? André, le serveur apporte du vin blanc à leur table. Il fait goûter à Monsieur, évidemment, puis il verse dignement dans 2 verres. Il repose la bouteille dans la glacière, s'incline légèrement, raide comme un piquet et il disparaît. La jeune femme croise et décroise les jambes, et ce faisant, une bretelle tombe de son épaule. Le Monsieur âgé s'empresse de la relever, d'une main très caressante. Comme un chat alangui au soleil, elle laisse faire. C'est bien connu, les chats aiment les caresses ensoleillées de tendresse. Depuis quelque semaines, tous les dimanches midi, elle vient déjeuner ici seule, et pour cause: après plus de 25 ans de bons et loyaux services conjugaux, elle a quitté Monsieur le Comte. Un beau matin, pas très différent des autres, elle lui a laissé un mot sur l'oreiller. - Merci pour tout. Je pars. A plus de 50 ans, elle trouvait que le moment était enfin venu de vivre pour elle-même. Son coeur était encore durci par toute cette apnée permanente. Une apnée de vivre dont elle apprenait à sortir, une respiration à la fois. Eh oui, elle respirait à nouveau, En achetant son croissant chaud très tôt le matin, quand toute la rue sentait bon la boulangerie à peine ouverte. Elle respirait à nouveau En regardant les bateaux arriver et partir au port, là où les hommes forts s'agitent, alors que la ville est encore endormi. Elle respirait à nouveau, En se mettant devant sa toile immaculée, tendue sur son cadre, pinceaux sagement alignés, et tubes de peinture encore scellés. S'imaginer peindre à nouveau, hmm... à vrai dire, c'était cela qui la faisait respirer le plus. Mais c'est quoi tout ce tintamarre? Tiens, on dirait que la jeune femme fait sa Rebelle. Ca va être intéressant ça: elle veut se servir du vin toute seule, comme une grande. On va bien se marrer. (rire) André, le serveur, rapplique en boulet de canon Il est au bord de l'apoplexie dominicale. "- Mais laissez-moi vous aider, Madame, vous êtes assise, la bouteille paraît encore plus lourde". Il s'empare de la chose et il verse dans le verre, comme si sa vie en dépendait. Ensuite ça discute sec, entre deux sourires carnassiers. C'est qu'elle n'est pas contente, la Rebelle. Le Monsieur qui l'accompagne sourit amusé et détaché, mais en apparence seulement. Quand il la regarde, il a des yeux de merlan frit. Elle danserait toute nue sur la table, dans ce restaurant gastronomique, un dimanche midi... il trouverait la scène Oscarisable! Dans un restaurant étoilé quoi! On vient faire du grabuge! Dites bonjour au féminisme du dimanche. Mais je vous en prie, faites comme chez vous. souhaitez-vous faire la vaisselle aussi? Débarrasser les tables, peut-être? Attendez la fermeture, pour passer l'aspirateur? M'enfin, un minimum de savoir-vivre! La jeunesse n'excuse pas tout. André reposa la bouteille dans la glacière, avant de repartir façon canard constipé. Ca va jaser en cuisine! Même le Chef pourrait passer la tête pour voir le tatouage de plus près. Elle observa discrètement la Rebelle. Son dos cambré. Son mécontentement. et dans le silence qui s'ensuivit, elle entendit son coeur picoter... Pas fort, à peine. Mais elle connaissait déjà ce vertige-là: ça tourne poliment en rond, mais ça ne trompe personne. Surtout pas elle. euh Oui, elle avait très envie de cette jeune femme sauf que personne ne devait le savoir! C'est clair? (rire) Et la tête du serveur, quoi! Et son dos courbé, façon: "de quoi tu me causes, Madame... c'est moi qui fais le service ici, tu veux piquer mon boulot ou quoi"? Et sa mèche rebelle et sa fichue bretelle qui tombent sans arrêt. Tiens,il y a 20 ans, elle aurait pu se lever d'un bond, marcher bien droite jusqu'à sa table, et lui dire sans réfléchir: - Je vous trouve bien singulière, et je vous désire! Pourriez-vous m'accorder un rendez-vous, à votre meilleure convenance?" Vous n'y pensez pas! M'enfin... On ne quitte pas Monsieur le Comte pour s'enticher d'une Rebelle! (chuchoter) - Elle est pas "Rebelle", elle est est BELLE. Ca suffit... - André, mon garçon... apportez-moi l'addition je vous prie! Mon Dieu, sa bretelle est ENCORE tombée. C'est bientôt fini ce cinéma, oui? N'empêche qu'il flotte dans l'air comme une envie de la remonter en douceur, cette bretelle. D'hésiter, avant d'effleurer cette épaule nue. (soupir) A sa droite, la famille avec la petite fille se lève. Les dessins restent abandonnés sur la table. Elle demandera à André de ne pas les jeter. Tiens, l'amoureux Merlan Frit appelle à son tour le serveur: "l'addition, s'il vous plaît." La Rebelle se lève, probablement pour aller au petit coin. (chuchoter) Elle a les yeux bleus. Elle cherche je ne sais quoi dans son sac à main, et en passant à côté de sa table, ahhh! malencontreusement... un papier tombe par terre. Plié, il tombe en vol plané, pour atterrir à ses pieds, chaussés de mocassins Gucci. Moi, je vous raconte la scène au ralenti, mais - en fait - tout s'est passé tellement vite! Et là, sur un inexplicable coup de tête, Madame la Comtesse fit mine de laisser tomber à ses pieds la serviette brodée au monogramme du restaurant. Puis, nonchalamment, elle se pencha. Et... en ramassant "élégamment" la serviette, elle ramassa surtout ce papier plié. Qu'elle choisit de cacher dans la poche droite de son tailleur bourgeois. Encore un geste et elle serait sûrement au bord de l'apoplexie. Son coeur qui déborde de partout. Et le boucan, que ça fait! On dirait que l'apnée revient, elle bat la chamade dans les tempes, mais de façon nouvelle. Cette fois, c'est une apnée vivante. Rester calmement assise, regarder André arriver avec l'addition, lui demander les dessins abandonnés sur la table d'à côté, payer, sourire, remercier pour les dessins, laisser un gros pourboire, et s'en aller comme une voleuse. Marcher jusqu'à la maison, marcher lentement pour se calmer. Pour respirer. Ouvrir la porte, enlever les mocassins, enlever le tailleur et le Jeter sur le lit, loin, comme on se débarrasse d'une tentation. S'arrêter pour le fixer un long moment et décider sur un coup de tête, contre toute attente, qu'elle avait très envie de passer un après-midi tranquille. Ecouter de la musique? Tous les morceaux font mal aux oreilles. Lire des poèmes? Toutes les lettres font des entre-chats devant ses yeux. Peindre? Encore faut-il savoir quoi? La petite fille avait dessiné des fleurs et des papillons. Et ce dimanche après-midi s'allonge, s'étire comme un chat paresseux au soleil. Et quand enfin le soir arrive, pour mettre toute la ville à l'abri du tumulte, et les coeurs à l'abri de la peur... elle décide de glisser enfin sa main dans la poche droite du tailleur. En apnée, elle déplie doucement le papier. Oh... Une jolie écriture avec plein de ratures. Une écriture de chat, avec de toutes petites lettres bien dodues. Et elle commence à lire: ... texte de Marie ... À coups de douces protestations, Elle me contraint à demeurer dos à elle. Elle veut prendre son temps. Je ne dois pas bouger, Je dois attendre. Cela me convient bien, finalement . C’est la première fois que je me retrouve dans le lit d’une femme, alors je plonge dans mes sensations... L’effleurement de ses doigts dans mon dos , Ses mains, fines, qui dégagent mes cheveux pour découvrir ma nuque, Ses cheveux, qui glissent sur mes épaules en m’embrassant, Ses baisers tendres du bout des lèvres, Et puis ce corps qui se presse doucement contre le mien. C’est du velours. À chaque étape, elle me demande si elle peut. C’est d’une exquise douceur. Ses caresses se font plus affirmées. J’adore ça. Mon souffle s’agite irrégulier. Je veux me retourner et cette fois-ci, elle ne s’y oppose pas. Son cou est d’une finesse divine, elle sent le patchouli... Que sa peau est délicate , Que ce corps est petit, dans mes bras! Tout est inconnu et, à la fois, très connu, Etrange sensation. Dans la chaleur de ses draps, nos corps devenus moites s’apprivoisent. Nos poitrines se frôlent, se mélangent. Je sens les pointes de ses seins se dresser, se durcir. Et j’aime les caresser de mes pouces. Avides, mes mains se posent sur Elle. Je souris dans la pénombre, en découvrant le creux de ses reins j’ai toujours trouvé ça sexy en diable... Pour la première fois de ma vie, je passe mes mains sur le cul d’une femme. Je remonte le long de son dos, je m’attarde sur la taille, les hanches, puis je redescends sur sa cuisse calée entre mes jambes. Cette cuisse, chaude, qui irradie contre ma chatte. Une seule obsession, je veux caresser son sexe. Alors, elle m’entrouvre ses jambes, je remonte doucement, je cherche le feu. Je découvre son intimité, et sa respiration se coupe. J’effleure ses lèvres, délicatement, comme on caresse les ailes d’un papillon. Elle laisse échapper un léger râle. C’est doux, tendre, chaud. Elle gémit, à mesure que je l’explore ainsi, à la pulpe des doigts. J’aime quand elle gémit. Bon sang, ce que c’est beau ! Je veux qu’elle recommence. Je guette ses réactions, quand je la touche. La chaleur devient glissante, je passe et repasse lentement, dans ses creux. Je me délecte des chairs molles qui se collent à moi. J’insère un doigt. C’est brûlant, plus rugueux. Je suis curieuse mais je crois qu’elle s’éloigne... Ce n’est pas ce qu’elle veut. Je rebrousse chemin et reviens doucement en arrière. La tension est palpable, quand je m’égare ici... Ma main, ferme, à plat sur son sexe, fait de lents et larges allers-retours. Mon index et mon majeur appuient plus fort, s’écartent légèrement, laissant toute la chair fine se faufiler à son aise. Tandis que ma main entière bat la mesure, invariablement, je presse son clitoris entre mes doigts. Je sens son plaisir monter, elle gémit de plus en plus fort. Je ne change pas le rythme, mais j'augmente la pression, et ralentit encore lorsque son gonflement arrive en butée entre mes doigts. Ma main entière s'y colle pour écraser doucement son pubis. Nos chaleurs se mélangent, et je continue mes mouvements. Et elle explose. Son plaisir coule dans ma paume. Et cette voix ...! Dieu que c’est beau. C’est donc ça, qu’un homme ressent, lorsqu’une femme jouit ? Fin du texte de Marie. Elle replia le papier et le déposa doucement, du bout des doigts, sur le lit. Chamade et apnée. Au petit matin, les premiers rayons de soleil, la trouvent assise sur le rebord du lit. Elle attend que la peinture sèche. Figée sur la toile, de dos, une jeune femme Rebelle contemple la mer calme, baignée par une immense lune argentée. °¨°¨°¨°¨°¨°¨°¨°¨°¨°¨°¨°¨°¨°¨°¨°¨°¨°¨° Vous avez écouté Déferlante le podcast du désir